Qu'attendez-vous de la réforme des retraites qui est à l'ordre du jour en septembre ?
« Mes attentes ne sont pas élevées. D'autant plus que l'accord de coalition reste très vague et qu'aucun détail n'est donné. Le gouvernement s’est engagé avec le dossier de la pension minimum à 1.500€, ce qui va prendre certainement la majorité des moyens disponibles. Nous sommes en faveur de l’augmentation de la pension minimale, mais nous aurions plutôt voulu qu’on réfléchisse à l’harmonisation de la pension minimale au niveau de celle du secteur public qui est à 1.350€. La pension minimale à 1.500€ va phagocyter les moyens disponibles pour le reste de la législature et empêcher de véritablement réformer les pensions.
On a vu également que la ministre a commandé une étude auprès du Bureau du Plan concernant l’évaluation du coût des pensions complémentaires en matière de sécurité sociale et d'impôts par rapport à des salaires qui seraient payés au lieu de donner une pension complémentaire. Il se peut aussi qu’on se penche sur une amélioration de la prise en compte de la pénibilité dans le calcul de la pension ou l'âge auquel on peut prendre sa retraite. »
Que faut-il donc faire pour que nos pensions restent abordables ?
« La vision globale de Fediplus, c'est à la fois la défense du premier et du deuxième pilier des retraites. Nous ne sommes pas axés uniquement sur le premier pilier de pension, bien que nous considérions que celui-ci doit être important, solidaire et, dans certains cas, mieux calculé. Nous sommes aussi pour le développement des pensions complémentaires qui ont pris un certain poids ces dernières années avec les régimes de pension sectoriels, mais qui sont encore insuffisants.
Nous soutenons une harmonisation des systèmes de pensions entre salariés, indépendants et fonctionnaires. Nous aimerions qu'il y ait une amélioration du système pour que le principe assurantiel de la pension soit plus prépondérant, c'est-à-dire que l'effort fourni pendant la carrière doit se marquer plus fortement dans le cadre de la pension légale.
Le troisième point essentiel pour nous est l’assurance du financement des pensions. Comme les cotisations sont prélevées sur les salaires des actifs et des indépendants, il faut absolument augmenter le taux d'emploi des 50 ans et plus pour faire face au vieillissement de la population et donc permettre un financement correct des pensions dans le futur. »
Par où commencer ?
« Plusieurs choses :
- L’adaptation au bien-être faite de façon structurelle pour les pensions qui ont pris cours : quand le niveau de vie augmente, cela peut entrainer une augmentation des pensions.
- Le taux de 60% pour calculer la moyenne des rémunérations sur 45 ans ne me semble pas adéquat pour un isolé, il faudrait l’augmenter.
- L’augmentation du plafond sur lequel on calcule la pension des salariés et indépendants »
Travailler plus longtemps est également considéré comme un moyen possible de maintenir les pensions abordables. Vous partagez cette opinion ?
« La dernière génération de baby-boomers est en train de partir à la retraite et ce sont les jeunes générations qui vont payer leurs pensions. Travailler plus longtemps ou envisager un changement de carrière est une possibilité pour pouvoir payer les pensions futures. Nous ne sommes pas habitués à ça en Belgique, mais des modifications de fonction voire un changement de carrière pour continuer à travailler sont tout à fait envisageables. Ce n'est pas parce qu'on a eu un métier qui était parfois pénible jusqu'à 50 ans qu'à cet âge on ne peut pas faire autre chose qui serait physiquement moins pénible. Le point d’attention revient aux entreprises et aux employeurs, qui vont devoir s’adapter et proposer plus de flexibilité et de mobilité pour les employés plus âgés. Différents points doivent être intégrés pour donner une incitation aux changements et prolongation de carrière :
- La formation continue en entreprise
- Le tutorat qui va se développer de plus en plus et la transmission des savoirs entre un employé qui a plus d’expérience au sein de l’entreprise et les jeunes travailleurs
- L’aménagement du temps de travail (via un crédit-temps par exemple)
Le dernier accord interprofessionnel a permis la possibilité d'avoir un crédit-temps avec indemnité de l'Onem avant 60 ans, et nous avons raté une occasion de pousser à la formation en fin de carrière. On pourrait imaginer une obligation de formation pendant cette période sous crédit-temps, cela ne devrait pas signifier la démission définitive de son activité. »
Le deuxième pilier pourrait également se retrouver sur la table du gouvernement. Quel serait le scénario idéal là-bas ?
« Nous devons nous concentrer davantage sur un équilibre entre le premier et le deuxième pilier. Aujourd'hui, en Belgique, on se concentre souvent sur le premier pilier et on veut tout faire pour avoir une bonne pension légale. Seulement 70% des travailleurs ont une pension complémentaire actuellement, et pour les classes moyennes la pension complémentaire n’est pour l’instant pas une solution. Un bon équilibre avec le deuxième pilier peut rendre la pension légale plus abordable.
Il n'existe pas de solution unique et toute faite pour notre politique des retraites. Mais une réforme audacieuse et approfondie avec des objectifs à long terme est nécessaire pour que nos pensions restent abordables et que le financement futur soit possible. »
Vous souhaitez en savoir plus sur la vision de NN en matière de politique des retraites ? Lisez notre mémorandum sur les pensions ici.