“Faire grève est déraisonnable : la réforme des retraites doit figurer dans l'accord de gouvernement”

La revendication de grève des syndicats de l'enseignement, visant à supprimer les réformes des retraites, est irréfléchie, voire déraisonnable. Ces réformes des retraites sont essentielles pour restaurer un système qui est aujourd’hui défaillant. Les reporter à nouveau serait une grave erreur. Les défis sont énormes : la population vieillit et les coûts croissants des dépenses de retraite pèsent de plus en plus lourdement sur notre modèle de société. Cela exigera du courage politique – surtout avec la grève d’aujourd’hui –, mais la réforme des retraites doit figurer dans l'accord de gouvernement.

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    Aujourd'hui, les syndicats de l'enseignement ont cessé le travail pour bloquer les mesures relatives aux retraites, telles que proposées dans la supernote de De Wever. Bien que des mesures transitoires soient évidemment nécessaires pour les enseignants proches de la retraite, un rejet total des réformes n'est pas la solution. Il ne s'agit plus de vouloir ou non, le prochain gouvernement doit impérativement s'attaquer au système de retraite belge. Selon les chiffres les plus récents de la Commission d'Étude sur le Vieillissement, les dépenses de retraite, si aucune 
    politique n’est modifiée, devraient passer de 11,2 % du PIB en 2023 à 12,3 % en 2029 puis à 13,7 % en 2070 (CEV, 2024). Les coûts supplémentaires s'élèveraient à plus de 14 milliards d'euros, dont plus de 6 milliards d'ici 2030. Cela montre clairement que des interventions rapides sont indispensables. L'immobilisme ne ferait qu'aggraver la situation, qui nécessiterait des mesures encore plus sévères à l'avenir.

    Le système de pension actuel exerce une pression croissante sur la société. Nous travaillons trop peu pour bénéficier ensuite d'une pension trop longue : nous travaillons en moyenne 34,5 ans pour bénéficier ensuite de 24 ans de retraite (Eurostat 2022). À titre de comparaison, les Pays-Bas enregistrent une durée moyenne de carrière de 43,2 ans, l'Allemagne de 39,3 ans et la France de 36,6 ans. 

    La supernote propose trois clés pour résoudre ce problème :

    1. L'égalité de traitement, indépendamment du statut, est un impératif : Pour réduire les coûts, il est nécessaire de lier plus étroitement les droits à la retraite au nombre d'années travaillées via un système de bonus-malus. Cela permettrait de promouvoir des carrières plus longues sans imposer d'obligation stricte. Il est essentiel d'harmoniser les régimes de retraite des salariés, des fonctionnaires et des indépendants. Actuellement, les enseignants bénéficient de conditions plus favorables (tantèmes), ce qui leur permet de compléter une carrière en 41-42 ans, alors que les salariés du secteur privé doivent travailler 45 ans pour des pensions inférieures. Un traitement égal, quel que soit le statut, est indispensable. L'objectif devrait être que tout le monde travaille 45 ans. L'harmonisation proposée entre les régimes de retraite des salariés, des fonctionnaires et des indépendants s'inscrit dans cette logique. Ce sujet est débattu depuis trop longtemps.

    2. Un lien plus clair entre le travail et l'accumulation des droits à la retraite : la réduction des périodes assimilées pour la prépension, les emplois de fin de carrière et le chômage de longue durée est une mesure nécessaire. Les gens doivent être incités à rester actifs, et ces périodes d'inactivité ne doivent plus être assimilées à des périodes de travail. C'est évidemment un choix difficile, mais c'est le bon.

    3. Réformer le calcul des pensions actuelles : en travaillant simplement plus longtemps, nous ne réussirons pas. Les négociateurs gouvernementaux se tournent à juste titre vers les pensions actuelles. Bien que des mesures importantes soient prises, comme la suppression 
    de la péréquation, la croissance réelle des pensions les plus élevées pourrait encore être modérée. Cela permettrait une répartition plus équitable des charges entre les générations plus jeunes et plus âgées, sans que les pensions nominales ne diminuent.


    Un appel à la raison


    Les inquiétudes des syndicats de l'enseignement sont compréhensibles : personne ne souhaite une réforme qui affecte soudainement ses droits à la retraite de manière,sans nuance. Toutefois, les réformes ne doivent pas être injustes. Des mesures transitoires doivent garantir que les gens disposent du temps nécessaire pour s'adapter et se constituer des sources de revenus supplémentaires pour leur retraite. En revanche, un rejet total de toute réforme serait une erreur. Cela ne ferait que laisser à nos jeunes générations une dette incroyablement lourde qu'elles ne pourront pas assumer à long terme.Il faudra faire preuve de courage politique pour assurer l'avenir du système de retraite. Mais la réforme des pensions ne devrait pas être un sujet tabou. C'est l'occasion de créer un système plus 
    juste, plus durable et plus réaliste qui fonctionne pour tout le monde. Saisissons cette opportunité !


    Martijn Hoogeweegen, CEO de l'assureur-vie NN
    Colin Sanders, collaborateur scientifique, UHasselt et spécialiste de la longévité pour NN 
    Bart Chiau, professeur à la faculté d'économie de l'UGent et expert en assurance au NN

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