Les Belges ont “épargné” ensemble un peu plus de 100 milliards d’euros dans le deuxième pilier (pensions complémentaires). Les dépenses annuelles du premier pilier (pensions légales) s'élèvent en revanche à quelque 65 milliards d'euros. Autrement dit, les réserves du deuxième pilier sont si faibles que nous pourrions à peine financer une année et demie de pensions du premier pilier! “Une réforme approfondie devrait aligner le système de pension sur les besoins de la société”, estime Heidi Cortois, notre Chief Commercial Officer.
Une logique bancale
“Pourquoi opérer encore une distinction entre les couples mariés et les couples cohabitant légalement?”, s'interroge Heidi Cortois. “Et comment se fait-il que la pension légale d'un fonctionnaire soit en moyenne trois fois plus élevée que celle d'un indépendant?”
Par ailleurs, ne pas travailler est parfois plus avantageux que travailler, indique le Pr Jean Hindriks, président de l'Economics School of Louvain (UCL). “En Belgique, ceux qui continuent à travailler après l'âge de la retraite ne gagnent pratiquement pas de pouvoir d'achat. Vous prenez une retraite anticipée à 62 ans tout en étant en bonne santé? Vous n'avez plus le droit de travailler. Mais une fois que vous atteignez l'âge légal de la retraite, le revenu supplémentaire auquel vous pouvez prétendre est illimité. Où est la logique?”
Le modèle “cappuccino”
Yves Stevens (professeur de droit social à la KU Leuven) constate une évolution à l'échelle mondiale, avec l'apparition de plusieurs niveaux de constitution des pensions, dont les incitants fiscaux se neutralisent dans une certaine mesure. “Ce modèle 'cappuccino’ est intégré aux propositions fiscales du ministre Van Peteghem. Tous les piliers de pension seront liés les uns aux autres.”
Pour 99% de la population, cependant, le modèle “cappuccino” n'est pas adapté, juge Jean Hindriks, qui préconise l'élargissement du deuxième pilier et insiste sur le fait que les piliers sont complémentaires: “Il est regrettable qu'ils soient parfois idéologiquement opposés l'un à l'autre.”
Mémorandum sur les pensions
Nous présentons à ce titre un audacieux mémorandum sur les pensions, qui vise à réformer les bases de notre système en vue de déployer une approche pérenne. Une proposition intéressante porte sur l'abolition de l'âge de la retraite au profit d'un système fondé sur les années de carrière. “En plaçant l'accent sur 45 années de carrière, les individus ont la liberté de choisir leur âge de départ à la retraite, mais avec des incitants financiers en rapport avec leurs antécédents professionnels. Ceux qui ont travaillé un plus grand nombre d'années devraient logiquement percevoir une pension plus élevée.”
Nous plaidons en faveur d’une révision des années de carrière équivalentes, afin de clarifier la relation entre le travail et la constitution de la pension. Cela va de pair avec une réforme du calcul des pensions actuelles, dans le but de répartir plus équitablement les charges entre les générations et de garantir un système de pension plus abordable pour l'avenir.