Quelque 67% des Belges de moins de 50 ans redoutent que l’État ne soit plus en mesure de payer leur pension, tandis que 59% des personnes de plus de 50 ans encore actives font peu confiance à notre système de pension légale.
“Une réforme des pensions est nécessaire pour rétablir cette confiance”, enchaîne Heidi Cortois. “Les jeunes risquent de s'installer dans des pays où les pensions sont plus avantageuses. Avec, pour résultat, un vieillissement accru de notre population et des coûts de pension encore plus élevés.”
Une goutte d'eau dans l'océan
Les réformes des pensions approuvées sont les suivantes: l'obligation de travailler 20 ans pour avoir droit à une pension minimum, l'adaptation de la péréquation des pensions des fonctionnaires, le doublement de la cotisation Wijninckx et le paiement brut (et non plus net) de la prime de pension.
Selon Jean Hindriks, président de l'Economics School of Louvain (UCL), ces propositions ne sont pas suffisantes pour renforcer la confiance dans le système des pensions. “Cela n'a rien d'une réforme! Voici une décennie déjà, il avait été question d'utiliser la durée de la carrière comme critère principal pour le droit à la pension, au lieu de l'âge. Mais le gouvernement Michel a progressivement porté l'âge de la retraite à 67 ans.”
Compte tenu de la crise de confiance dans notre système de retraite, cette réforme s'apparente à une goutte d'eau dans l'océan. “L'accord de coalition n'évoquait pas non plus de changements structurels – à l'approche des élections, ces changements ne sont de toute façon pas à l'ordre du jour”, nuance Yves Stevens, professeur de droit social à la KU Leuven.
Il est temps d'agir
Heidi Cortois n’est pas de cet avis. “Les interventions à court terme, comme la nouvelle méthode de calcul de la règle des 80% (la pension légale et complémentaire des chefs d'entreprise ne peut dépasser conjointement 80% de leur dernier revenu “normal”, NDLR), ne rétabliront pas la confiance. Les gens veulent de la perspective. Nous devons leur permettre de profiter de leur retraite sans soucis financiers. Outre une pension légale, nous avons besoin d'un deuxième et d'un troisième piliers solides.”
Jean Hindriks appelle également de ses vœux une vaste réforme des pensions. “Au cours des 15 dernières années, les coûts du premier pilier ont atteint 60 milliards d'euros. Deux milliards s'y ajoutent chaque année en raison de l'augmentation du nombre de retraités et de la revalorisation des pensions. La population active diminue depuis cette année: il est donc bien temps d'agir.”